Un film en salle en ce moment a ne pas louper..grandiose
Un film puissant et haletant a couper le soufle

Souleymane fonce à vélo dans les rues bondées de Paris. Travailleur illégal pour une plateforme de livraison de repas, ce jeune Guinéen d’une humanité sans faille va demander l’asile en France: son entretien a lieu dans deux jours… Récompensé à Cannes Un Certain Regard par le Prix du meilleur acteur décerné au magnétique Abou Sangare, et par le Prix du Jury, le nouveau long-métrage de Boris Lojkine raconte le quotidien des sans-papiers comme une course contre la montre. Un film choc!

Ses collègues, venus comme lui d’Afrique, l’appellent «Souleymane de Paris». Il a vingt ans. Pour gagner de quoi manger, il travaille illégalement pour une plateforme de livraison de repas, comme Uber Eats, Deliveroo et compagnie. Sur sa bicyclette, il pédale dans les rues de la capitale pour assurer les commandes, tout en tentant de récupérer les documents et informations qui lui permettront peut-être d’obtenir l’asile. Mais Souleymane n’a pas le temps: le soir, il ne peut manquer le bus de ramassage social lui permettant de dormir au chaud. Et son entretien approche.

Après avoir tourné en Afrique subsaharienne Hope et Camille, le cinéaste voyageur Boris Lojkine a choisi de déployer au cœur de Paris son nouveau film brillamment documenté, qui dessille les regards à l’heure du repli sur soi. Grâce à l’impressionnante performance d’Abou Sangare, acteur non-professionnel lui-même sans-papiers, le réalisateur nous plonge dans la réalité de toutes ces vies volées par l’ultralibéralisme et l’injustice migratoire. Au plus près de son personnage, il le suit dans une ville et une société hostiles qui ne cessent de l’exploiter. Pourtant Souleymane garde toujours sa profonde humanité. Car Lojkine évite tout pathos: en superposant ses courses dans Paris et en épousant sa trajectoire sous pression, il emprunte au thriller et fait œuvre de grand cinéma, spectaculaire et tendu. Avec à la clé une œuvre à couper le souffle, qui redonne un visage aux sans-visages, aux migrant·es et à tous ces livreurs platement ignorés.

Festivals & prix
Cannes 2024, Un Certain Regard
Prix du Jury
Prix du Meilleur Acteur
Jerusalem Film Festival
Award for International Cinema

Fuite
Réfugié·e
Gig Economy
Grande ville
Migration




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Fiche technique
Titre original
L'Histoire de Souleymane
Titre
L'Histoire de Souleymane
Réalisation
Boris Lojkine
Pays
France

"



Parfois un film vous jette la réalité à la gueule.

Celle qu’on s’entraine à ne pas voir. Ces ombres à vélo qui livrent nos repas. Ceux qui restent à nos portes et dont le prénom exotique achemine nos commandes. Les damnés de la terre et rouages de la machines, chair à canon de nos consommations triomphantes, esclavage moderne qui ne dit pas son nom.

Sait-on réellement quelque chose de leur précarité ? Nos bonnes consciences l’occultent. Que connait-on de ces journées dont chaque instant est un combat ? L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine est l’une de celle qui peut basculer d’un moment à l’autre.

L’angoisse quotidienne
On suit Souleymane et on a peur avec lui en permanence. La caméra à l’épaule lui emboite le pas et nous prend par les tripes. Elle ne nous lâchera pas. Ce jeune guinéen est livreur et loue son compte à un autre pour pouvoir travailler. On voit la face immergée de l’iceberg et l’économie parallèle. Le souffle qui s’accélère d’angoisse à chaque nouvelle commande. Dans l’indifférence d’une ville hostile qui devient monstrueuse à chaque feu rouge. Tout semble lui suggérer son avenir incertain.

On tremble pour lui dans ses courses à vélo toujours précipitées, toujours périlleuses. Sans doute voit-on la ville de Paris telle qu’elle est, hautaine et impitoyable quand on n’en possède pas les codes. Les bobos sûrs d’eux-mêmes qui refusent leur commande parce que le sac est chiffonné et n’ont aucune conscience de la condamnation qu’il y a dans leur courroux. Parfois un répit d’humanité lorsqu’un vieil homme demande son prénom…

Est-ce que moi, je me donne la peine de croiser ces regards et de partager leur espace ? Ne suis-je pas également un profiteur de ce système aveugle et de son inconséquence ?

Souleymane prépare l’entretien qui lui accordera peut-être l’autorisation de travailler ici. Il doit apprendre un rôle et s’inventer un destin pour accéder à l’asile et au droit d’habiter en nos lieux. Il apprend son texte inlassablement, se repassant les vocaux de celui qui lui a vendu ce récit. Il doit trouver de l’argent pour récupérer les documents qui rendront son histoire véridique. Il doit payer pour tout. Pendant les deux journées que dureront le film, il courra après les profiteurs et les usuriers de tous poils. Le monde conspire à exploiter sa détresse.

Alors on le contemple le souffle court et le cœur douloureux. On prie pour qu’il arrive à attraper son bus, le soir après la dernière commande. Pour qu’il ait sa place dans le centre d’hébergement du 115. Pour qu’il prenne une douche, un repas chaud. Pour qu’il enlève ses écouteurs et dorme. Pour qu’il ne passe pas la nuit dehors dans le froid. On a pour lui les tendresses d’un frère ou d’un père, on voudrait le protéger de toutes les offenses qu’il subit.

Cinéma vérité
On le découvre en nous. Ce jeune homme devient comme un inconscient révélé. Car on les croise ces silhouettes en lisière de regard. Attendant leur commande, pressés aux portes des restaurants, l’œil sur leur smartphone comme sur une ligne de vie. On imagine les rebuffades. Celle de ceux qui abusent de leur pouvoir en les faisant patienter. Ceux qui les rackettent et ceux qui les dépouillent.

Pendant une bonne partie du film, on se demande d’où il vient, ce qu’il a vécu, et comment il pourrait sortir de cec purgatoire dont nous sommes, que nous le voulions ou non

Cela donne envie d'aller le voir, merci

grosniaque a écrit:Cela donne envie d'aller le voir, merci

Normal ! à Moinémont ; ils sont complétement Ceintrey